Billets d'humeur
Pour une cosmétique raisonnée
En cette période post Salon de l’Agriculture, je me dis que mon secteur de la cosmétique ressemble à celui de l’alimentaire par bien des aspects.
Dans l’agro-alimentaire, nous croisons de gros industriels qui rythment notre mal manger, s’arrangent avec les recherches d’allergènes, créent d’étranges recettes que nous n’oserions pas nous imposer à la maison. A l’autre bout de la chaine, on découvre le cultivateur qui ne travaille qu’en Bio, croit fort en les forces de la nature et la respecte de son mieux. Il nous vend des légumes bizarres que l’on espère meilleurs que les autres. Parfois oui, parfois non, mais ce n’est pas très grave car le cœur y est. Entre les deux extrémités, existent aussi des marques engagées qui nous nourrissent honnêtement.
C’est exactement la même histoire dans le monde de la cosmétique. J’en veux un peu à mon époque qui considère toujours les points extrêmes, notamment les acteurs du marché : les très gros faiseurs (ou gros communicants) et à l’opposé les acteurs du Bio. J’appartiens à cette no-zone des marques qui travaillent en mode « le plus naturel possible ». Le consommateur est invité à penser en mode binaire chimie lourde / produits Bio. Que c’est difficile de faire comprendre que de jolies marques travaillent sans ingrédient pétrochimique, que l’on peut avoir une proposition cosmétique honnête sans label, qu’il existe une vraie chimie verte, que la biotechnologie économise les ressources naturelles en faisant croître des cellules végétales en milieu spécifique (un centimètre carré d’algue donnera vie à de précieux kilos d’actif)… Beaucoup d’entreprises cosmétiques ont des choses qui changent à raconter. Nous sommes dans le naturel respectable, mais que c’est difficile de vous le faire percevoir !
Je prêche pour ma paroisse bien sûr. Je m’efforce de vous offrir des soins efficaces, d’être transparente, d’assumer mes choix d’ingrédients, de préférer le made in France au « made-in-ailleurs ». La charte de formulation que je m’impose me demande de travailler uniquement avec des huiles et esters végétaux, de limiter les excipients trompeurs de touchers, de dire non aux silicones, et toujours de choisir l’actif propre aux vertus prouvées. Je fais attention au taux de naturalité de mes soins (toujours très élevé), mais quand je cherche une activité je regarde au-delà des extraits et huiles essentielles pour trouver LA molécule qui est issue d’un procédé compliqué d’extraction. Bien souvent, on trouve un végétal à l’origine. J’aime travailler avec des ingrédients scientifiques, testés en milieu cellulaire et in vivo, des produits pointus qui montrent que la R&D cosmétique avance. La cosmétique est le fruit d’une chimie complexe où l’efficacité demande beaucoup de recherche en amont. Cette chimie propre nous aide aussi à utiliser des ingrédients bien tolérés et étudiés sous tous les angles.
Alors, fouinez, regardez autour de vous, découvrez des marques qui tiennent la route et ont des choses à raconter à votre peau. Il existe bel et bien une cosmétique raisonnée ! Soyez libres, essayez les marques, faites-vous une opinion et surtout faites-vous plaisir. Papillonnez et ne vous laissez pas enfermer dans les discours marketing, les menaces, les promesses. Et si vous doutez, posez vos questions ! Je serai là pour vous répondre sur mes soins et mes ingrédients.